Demain, vendredi, sera sans doute le jour le plus long pour les Algériens. Ce jour pourrait même être historique pour tout un peuple, vu que son équipe nationale a un joli pari à jouer, celui de remporter la première Coupe d’Afrique en dehors du pays, et la deuxième dans l’histoire du football algérien après 29 ans d’attente.
Le moment de gloire
«Achever le travail entamé tous ensemble». C’est Belmadi qui parle ainsi. Un technicien qui sait ce qu’il dit. Pèse ses mots. Finir le travail? Comment? En restant concentré. En se rappelant que ce match (une finale, il ne faut pas l’oublier, ce dont se disent conscients les joueurs) ne ressemblera pas au 1er tour.
Et donc, pas loin s’en faut, gagné à l’avance. Se dire qu’il s’agit d’une sorte de bouquet final qu’il faudra bien négocier et offrir à un public qui ne demande qu’à les porter en chœur à l’abord d’une sacrée manche, l’ultime avant le grand exploit.
L’assourdissant baroud d’honneur. Une dernière étape, la plus importante d’un tournoi, le 32e du genre, qui a vu déjà, Mahrez and Co faire tomber bien des barrières. Mis tout le monde d’accord sur leur talent. Font l’unanimité autour de leur surprenante (personne ou presque, à part les irréductibles rêveurs dont nous faisons partie, envers et contre tous, une précision pour annoncer que c’était notre première proposition de titre générique) capacité à composer avec une adversité, une concurrence féroce (la gestion magnifique, et ce n’était pas une mince affaire, des sommets les ayant opposés à la Côte d’Ivoire puis au Nigeria, après l’entrée en matière réussie et une victoire plus que logique contre le … Sénégal qui caracole en tête des sélections africaines au très officieux mais tellement révélateur classement Fifa, est la preuve que la mayonnaise a vite pris avec Belmadi) qui n’a pas tellement pesé sur un groupe au rendement positif sous tous les angles. On est en finale.
Le moment de gloire. Avant l’ivresse populaire qui pourrait à nouveau s’emparer d’une rue algérienne qui ne veut pas croire, maintenant qu’elle voit grand, à l’échec. Quel qu’en soit le nom de l’adversaire. Les «Lions» sont à nouveau là. Sur leur chemin.
Battus au score et dans le jeu lors de leur 1ère rencontre pour le compte de la phase de groupe, ils n’ont pu empêcher leurs «Verts» de danser pendant que la ferveur du public, en effervescence, l’emportait également en multipliant, victoires probantes aidant, les fêtes, celles signées avec brio (on se répète exprès et ça a du bon comme dirait la sagesse du terroir) en huitièmes puis en quarts, respectivement contre la Côte d’Ivoire et le Nigeria, deux gros écueils avant cette finale attendue par tout un pays, restant, à l’heure du «Hirak» et d’une mobilisation populaire ne faiblissant pas, comme un des sommets des manifestations joyeuses de rue dont le peuple algérien détient la marque.
En ce vendredi saint, coïncidant avec l’acte «22» des marches revendiquant le changement, l’union sacrée entre des supporters rêvant debout d’un nouveau succès et une équipe qui leur fait honneur, a rarement été aussi d’actualité qu’à l’occasion de ce tournant sénégalais que la bande à Belmadi a fait le serment de contourner en montant sur la plus haute marche du podium. Humer, à nouveau, 29 ans après le triomphe d’Alger, l’air si vivifiant des sommets africains.
Un parcours digne d’un champion
Un toit du continent dont l’ascension finale n’est plus qu’à une petite heure et demie même si elle fut difficile et semée d’embûches, le standing de ses différents concurrents faisant foi. Promesses sont faites (au pluriel) que cette édition égyptienne de la messe biennale n’en sera que plus belle.
Aux couleurs algériennes bien évidemment. Du moins on l’espère. Toute l’Algérie derrière ses «Fennecs» qu’on croyait fragiles. Fragilisés d’avoir été critiqués, souvent gratuitement, par les siens.
Qui avancent, en vert et contre tout (plutôt envers et contre tous, cette partie de philosophes du football et leur «science» que leur confèrent la tranquillité de plateaux T.V spécialistes es-retournements de vestes, pas seulement en sport) sur le toit d’Afrique. N’est plus qu’à une petite poignée de minutes (90mn, sans compter les éventuelles, 30mn des prolongations, voire une autre épreuve de penaltys) pour terminer le joli boulot entamé contre le Kenya et rendu plus beau contre l’os-Nigeria conclu au bout d’un intenable suspense.
Rendu encore plus beau par ce bijou signé Mahrez qui délivrera quarante millions d’Algérie suspendus aux pieds magiques de leurs héros et qui s’en iront revendiquer le droit d’aller «occuper» l’égypte le temps de les soutenir et s’en revenir en leur compagnie avec un trophée qu’ils auront attendu pendant 29 longues années.
Avec un Mahrez au sommet de son art et une équipe des grands jours, l’Algérie du football a réappris à gagner en rééditant des soirées (peut-être contre le Sénégal ?) aussi fantastiques.
En sortant, de l’aveu même de leur coach, des «prestations extraordinaires.» En vert, ou envers et contre tout (contre tous), «El Khadra», qui n’a jamais aussi bien porté son nom et mis d’entrée le turbo, comptera à nouveau sur ces valeurs et qualités qui ont fait d’elle l’incontestable N°1 de cette 32e CAN, n’a plus qu’à revoir les tous derniers détails avant de remettre en marche une machine qui a bien tenu la route. Se refuse, on croise les doigts, à toute panne de dernière minute.
En jouant son propre football et en n’oubliant pas qu’à la dernière marche se dresse, avertit Belmadi, qui croit dur comme fer en ses poulains, «un adversaire teigneux à affronter.
Qui voudra lui aussi gagner.» Un Belmadi fidèle à sa ligne de conduite en appelant au calme et les joueurs et leur public. Le meilleur est là, le rêve proche comme jamais en ajoutant ne pouvoir «rien promettre au peuple algérien.»
En rectifiant, presque, que «ce qui est sûr c’est qu’on donnera tout sur le terrain. En jouant à fond cette finale et, Incha Allah, on ramènera, en cadeau au pays, ce trophée si précieux.»
Nos prières vous accompagnent
En attendant, et alors que la fièvre s’est emparée de tout un pays, il appelle, toujours aussi serein, ses capés à redescendre de leur nuage pour être prêts pour ce grand show où il s’agira de ne pas se rater.
En mettant un point final sur un exploit écrit quelque part et prenant forme d’entrée de tournoi. Construit patiemment. Avec confiance et humilité. Dans un esprit de solidarité de tous les instants. Avec le soutien indéfectible de fans fins connaisseurs.
Avant cette «Der» contre le Sénégal, il n’a pas tort de leur rappeler aussi que «le peuple attend de vous la Coupe d’Afrique.» Alors les gars ? Ils répondent en chœur, loin de l’euphorie qui s’est emparée de tout le monde après la qualification tonitruante contre le Nigeria, au terme d’une production jugée «excellente», qu’ils sont prêts à la leur offrir en rendant la même copie.
En respectant l’adversaire. Message clair et prétentions tout aussi clairement affichées. «On est là pour gagner et jouer le coup à fond, personne ne peut nous empêcher d’être ambitieux, on doit garder notre humilité intacte et achever le travail entamé.»
Tous ensembles, soulignera un entraîneur qui, comme ses poulains, a bien des raisons d’assumer. Convaincu que cette fois c’est la bonne.
Avec les férus des «stats», et on s’y est fait parce que ça nous arrange (on touche du bois), on sort des chiffres sans appel montrant le gros potentiel, les différentes facettes d’un «onze» algérien qui, s’il a tôt fait de convaincre les observateurs et autres sceptiques en sortant le grand jeu avec un parcours digne d’un champion (en six sorties, Mandi et les siens en ont gagné six si l’on compte ce duel épique contre les «éléphants» ivoiriens réglé sur un coup de dès, marquer 12 buts et concéder deux, faisant d’eux la meilleure attaque et la 2e défense avec la précision que les 1ers ont quitté la compétition il y a déjà deux étapes, en plus d’une force mentale à toute épreuve; un de leurs points forts) a, de l’avis de tous, les arguments nécessaires pour aller décrocher une 2e étoile.
D’aller chercher à nouveau cette sélection du Sénégal qui demeure très équilibrée et cohérente et comptera sur sa masse athlétique pour déranger la quiétude et l’assurance des «Verts» tout aussi cohérents. «Qui jouent bien, parviennent à se créer beaucoup d’occasions, à marquer et à bien se défendre.»
Bien des vertus qui font que les «bookmakers» n’hésitent pas, ou plus, à les cocher dans la «case-favoris» avant ce sommet aux relents de revanche. Qui promet de nouvelles sensations fortes.
Les nôtres, qui ont bien joué avec des prestations de haut vol, spectaculaires même, ont été au rendez-vous. Ont dominé, avec leurs penchants naturels, de la tête et des pieds, un tournoi finalement à leur taille.
Ce vendredi, le public, qui espère les voir mettre la couronne de «rois», priera en masse que s’il y a une justice en football, elle fera d’eux de très beaux champions d’Afrique. Nos cœurs sont avec eux et que nos prières les accompagnent donc…Amen.