Le président de l’Académie algérienne de lutte contre la corruption dans le sport (AAACS), Ahmed Benamar, a indiqué que le code pénal algérien punissait les déclarations semblables à celles du président de la JS Kabylie, Chérif Mellal, dans lesquelles il reconnaissait avoir encouragé le CS Constantine financièrement pour battre l’USM Alger.
Durant la conférence de presse organisée dans la nuit de dimanche à lundi, à l’issue du match JS Kabylie – CABB Arréridj (2-0), le patron de la JSK a jeté un pavé dans la mare, en réaction au succès remporté par son concurrent direct l’USM Alger à Constantine face au CSC (3-1), synonyme d’un 8e titre de champion pour les « Rouge et Noir ».
« J’accuse le CSC de ne pas avoir respecté l’éthique sportive. Je dois dire la vérité devant tout le peuple algérien : la direction constantinoise nous a contactés pour une prime de motivation afin de battre l’USMA.
Au début, j’étais contre cette idée, mais j’ai fini par accepter en leur proposant 20 millions de centimes pour chaque joueur, ce n’est pas de la corruption, ça se fait ailleurs. Le discours du CSC a changé ensuite pour exiger la somme de 2,5 milliards de centimes, chose que j’ai refusée. La suite vous la connaissez », a-t-il déclaré. Si de tels agissements sont tolérés dans plusieurs pays, dont l’Espagne et l’Italie, le président de l’AAACS parle d’une déclaration « grave » et « irresponsable » qui est condamnable par le code pénal algérien.
« Ce responsable devait notifier sa déclaration par écrit à qui de droit. C’est irresponsable de sa part et je pense que les lois qui régissent le sport dans le monde et en Algérie, surtout la Charte olympique, ne permettent pas ce genre d’aveux et le punissent avec fermeté », a déclaré à l’APS, M. Benamar dont l’Académie a vu le jour, officiellement, la semaine dernière après trois ans d’attente.
Selon l’article 119 du règlement du championnat professionnel concernant « l’influence, l’arrangement et la pression », « toute prime offerte par une personne étrangère au club concerné est assimilée à une tentative d’influence sur le résultat du match, quel que soit le moyen utilisé. La personne impliquée et son équipe feront l’objet de mesures disciplinaires mentionnées dans le code pénal ».
«Les auteurs doivent rendre des comptes»
Appelé à donner plus de détails sur le traitement de ce dossier et à y apporter des éclaircissements, Ahmed Benamar a refusé de s’aventurer pour le moment.
« On est en train d’étudier les différentes lois régissant le sport algérien, dont le football, et en même temps les textes de loi, arrêtés, ordonnances et Constitution. A l’heure actuelle, on ne peut pas se prononcer plus que cela, on va se donner le temps qu’il faut », a-t-il préféré.
Le code pénal 2015 stipule dans son (article 81), toute tentative sur le résultat d’un match expose la personne impliquée à une condamnation ferme de 2 ans de prison et une amende d’un (1) million de dinars à son club.
Plusieurs autres dossiers de corruption sont sur la table de l’Académie, dont les déclarations du président de l’USM Annaba, Abdelbasset Zaïm, dans lesquelles il a avoué, sur le plateau d’une télévision privée, avoir déboursé 7 milliards de centimes lors de la saison 2017-2018 pour l’achat de matchs, permettant à son équipe d’accéder de la Division nationale amateur (DNA) à la Ligue 2.
« Ce genre de pratiques sont inadmissibles et les auteurs doivent rendre des comptes et être condamnés sévèrement, car elles portent atteinte non seulement au sport algérien, mais à tout un pays », a regretté M. Benamar.
Il est à rappeler que l’Académie algérienne de lutte contre la corruption dans le domaine du sport est composée de neuf membres, exerçant des fonctions ayant un rapport direct avec leur activité, puisqu’il s’agit pour la plupart de juristes, disposant de connaissances dans le domaine du sport.
« Nous espérons faire respecter les valeurs de la Charte olympique, notamment en ce qui concerne l’esprit de compétition, qui en aucun cas ne doit sortir du cadre légal. Notre but est de servir le sport national, à travers la mise en place d’un système de gestion moderne, basé sur la science et le professionnalisme, et parvenir à laver le domaine sportif des actes immoraux qui ont terni son image sur les plans national et international », a-t-il conclu.
APS