«Supporters ! Venez nombreux face à la Tanzanie, cette sélection vous appartient.» Craignant probablement une défection du public lors de cette soirée qui s’annonce glaciale dans tous les sens du mot, en raison d’une part des conditions climatiques hivernales qui affectent le nord du pays en ces premiers jours du printemps et, d’autre part, du peu d’engouement que suscitent désormais des «Fennecs» en chute libre côté popularité depuis leur sortie peu glorieuse des «qualifs» du Mondial russe, le coach national, à la recherche notamment d’un déclic psychologique, se tourne vers les gradins qu’il espère bien garnis à l’occasion et ce, dans une tentative évidente de relancer une machine peinant à redémarrer.
Avant de recevoir le onze national tanzanien dans une partie où il aura beaucoup plus à perdre qu’à gagner en cas de contre performance (si si, c’est important de gagner quand bien même il s’agit d’une joute tout ce qu’il y a d’«amicale» si tant est le terme est exact au moment où le moindre succès compte, notamment au tout officieux classement- Fifa) et surtout de mauvaise prestation, le peu de supporters (on peut dire à l’avance que, et vu le mauvais temps, ils ne seront pas nombreux à faire le déplacement de ce qu’on appelle communément la «cathédrale» appelée, comme toujours en pareilles circonstances à se transformer en enceinte aussi froide que peu accueillante), Madjer et sa bande, devant un sérieux «test» de crédibilité (d’abord et avant tout, parce qu’on leur demandera de ne pas seulement l’emporter devant un adversaire qui n’aurait pas fait le poids en d’autres circonstances au regard de la différence supposée de niveau, mais d’allier aussi l’art à la manière pour dissiper les nombreux doutes nés d’une double campagne africaine désastreuse marquée par un naufrage en règle, ceux qu’on présentait, à tort ou à raison, de meilleurs du continent accouchant malheureusement d’un bide monumental en fermant la marche dans un groupe où ils mettront le bonnet d’âne), savent que l’on ne leur fera aucun cadeau.
Rabah Madjer, peu loquace avant de redescendre sur le terrain, lui qui a carrément zappé les médias avant de lâcher quelques bribes ne convaincant pas beaucoup de monde, notamment sur certains choix et l’éviction de noms que l’opinion, dubitative, s’explique mal la mise au ban de quelques cadres, et non des moindres à l’image du quatuor M’Bolhi-Feghouli-Boudebbouz-Belfodhil (les deux premiers faisant vraiment le «buzz» et passant désormais pour les victimes idéales de règlements de comptes douteux ne les concernant pas, en attendant bien sûr des explications qui ne viennent pas) avant de s’exprimer par le canal très impersonnel du Site officiel de la FAF en s’évitant les questions qui fâchent, a-t-il raison de s’en remettre au public si chambreur et tellement difficile à convaincre d’une enceinte que l’on désigne désormais d’une appellation (le fameux «tribunal») adoptée par bien des médias (on n’aime pas forcément mais ça a souvent le don de décider du sort de bien des techniciens passés par la barre technique du «Club Algérie») en passe de s’imposer comme le «centre» par qui passent les examens de passage de toute sélection qui se respecte ? Un «J’espère que les supporters vont venir nombreux nous soutenir ce jeudi face à la Tanzanie» empreint de craintes pour le moins justifiées alors que dans la maison- E.N on traîne le moral dans les chaussettes même si l’envie, du côté des joueurs, est bien là. Palpable. L’envie d’abord de reprendre langue avec leurs fans.
L’envie de passer à autre chose. En commençant par se faire pardonner la gifle du Mondial 2018 que les Algériens suivront (difficile de s’en remettre surtout lorsqu’on se revoit le film d’une grosse désillusion annoncée de très longue date) à la télé. «Cette sélection leur appartient et on veut leur donner le sourire, comme nous l’avons fait face au Nigeria et à la RCA.»
Le public, cet … atout à double tranchant
L’entendront-ils de cette oreille en bravant dame nature (des pluies sont attendues durant toute la journée et la nuit de ce jeudi, jour du match) en répondant présents et en masse ? Et, au-delà des éléments naturels, le public algérien, qu’on sait exigeant, peut-il croire vraiment qu’on leur a rendu le sourire face aux «Super Eagles» nigérians que les «Verts», toujours dans leurs petits souliers malgré les changements opérés et au niveau des instances dirigeantes avec l’élection d’un nouveau président de fédération (Zetchi, qui peine à trouver ses marques, vient à peine de boucler sa première année de règne avec un bilan mitigé, pour ne pas dire proche du négatif, l’intéressé lui-même reconnaissant que l’entame de mandat a été des plus difficiles) et la désignation tellement controversée (Madjer notamment, sortant d’une longue hibernation, éprouve du mal à convaincre sur ses qualités et capacités à redonner vie à une sélection particulièrement marquée par les graves dissensions minant, à tous les niveaux, le football algérien en général) d’un nouveau staff technique national héritant de la lourde responsabilité de remettre Mahrez et consorts à leur véritable place parmi les cadors du continent ? Seront-ils nombreux à réchauffer les travées d’une enceinte qui ne vit plus que par les affiches et autres derbies algérois où elle fait recette ? Toute la question est là.
Combien seront-ils ? Sûrement, et on peut le parier, pas très nombreux. Peut-être quelques inconditionnels perdus dans l’immensité du «5 juillet» et qui croient en la résurrection. La Tanzanie comme première étape ou début d’un long processus? Si le mauvais temps pèsera, à n’en pas douter, lourd dans la décision des fans de troquer ou non leurs pantoufles contre la véritable aventure qui les attend (notamment ceux qui ne disposant pas de moyens de transports sans parler de l’absence totale de commodités qu’offre le «temple», surtout par soirées pluvieuses et froides), le standing (plus que modeste, pour ne pas dire faible) du sparring-partner du jour, ajoutés à la déception qui a suivi l’élimination de la prochaine Coupe du monde seront autant de raisons pour nous offrir des gradins plus que dégarnis. Total désintérêt et une équipe en quête de réhabilitation. Un mal pour un bien pour un Madjer qui se présentera, lui et ses joueurs, débarrassés de toute pression ? Une simple corvée aussi pour des «Fennecs» dans l’obligation de marquer leur présence. Une présence seulement en attendant des jours meilleurs et une météo clémente pas seulement en scrutant des cieux pour l’instant plus que défavorables.
CrédibilitéOn craint (on croise les doigts) que cet Algérie- Tanzanie, loin de mobiliser les foules, ne vire pas à un mauvais remake du fameux Algérie-RCA marqué par un spectacle aussi faible qu’indigeste avant qu’un autre match, celui-là en salle de conférences, ne tourne au vinaigre, le nouveau sélectionneur, en panne d’arguments techniques, préférant contre toute attente, régler ses comptes avec ce qu’il appellera «une certaine presse». Certainement qu’il était hors jeu lui et son équipe, ce qui explique peut-être qu’il choisisse d’autres canaux où il est à son avantage, pour imposer sa «philosophie» du football. Croisons les doigts donc et laissons-le (ce n’est pas ce que disent certains de ses joueurs) travailler. Algérie- Tanzanie. Un test pour rien alors? Un non-évènement? On verra un peu mieux peut-être ce soir…