La cérémonie symbolique de remise du trophée de champion d’Algérie, tenue avant-hier au Centre d’entrainement du MC Alger, le champion sortant, a coïncidé avec des déclarations, ayant suscité une large controverse, de la part du PDG du groupe Sonatrach, propriétaire du club.
Les propos de Rachid Hachichi, axés sur le concept de la « formation » et la nécessité de miser sur les jeunes joueurs issus des petites catégories du Mouloudia, ont soulevé des interrogations sur leur compatibilité avec les ambitions continentales et régionales du club.
Sonatrach, la plus grande entreprise pétrolière d’Algérie, parraine le Mouloudia d’Alger depuis plusieurs années. Elle avait déjà financé le club entre 1977 et 2007, avant de revenir dans le football à travers un projet plus large visant la professionnalisation du sport en Algérie, en investissant dans plusieurs clubs.
Les dernières déclarations du patron de la firme pétrolière, insistant sur la formation et la jeunesse, semblent en contradiction avec les réalités du football moderne et les ambitions continentales du club.
Après deux saisons de domination sur la scène locale, le Mouloudia vise désormais des performances significatives sur le plan africain, ce qui exige une stratégie très différente de la simple mise en avant de la formation locale.
Les clubs africains les plus performants sur la scène continentale s’appuient sur un équilibre stratégique entre l’investissement dans la formation et le recrutement intelligent de joueurs talentueux, souvent à des prix bien supérieurs à ceux pratiqués dans le championnat algérien. Cet équilibre entre formation et recrutement est la marque des clubs qui réussissent au plus haut niveau.
Le Mouloudia d’Alger possède tous les atouts pour devenir une véritable puissance régionale et continentale. Le club bénéficie d’un large soutien populaire, d’une histoire footballistique prestigieuse de plus de cent ans, ainsi que d’un stade moderne et d’un centre d’entraînement de pointe à Zéralda, construit dans le cadre d’un contrat signé par Sonatrach pour développer les infrastructures du club.
De plus, le club jouit de plusieurs sources de revenus et de divers sponsors, lui assurant une certaine autonomie financière qui pourrait lui permettre de devenir une entité économique importante. Ces moyens financiers et structurels font du Mouloudia un modèle capable de servir à la fois le football algérien et l’économie nationale.
Compte tenu de ces immenses potentialités, il devient impératif d’adapter le discours et le projet du club à ses véritables capacités. Lorsqu’un club possède les moyens de générer des profits record, il est essentiel que le discours institutionnel reflète un projet sportif et économique ambitieux, à la hauteur du prestige et des moyens du Mouloudia.
Ce projet doit viser à transformer le club en une institution économique dynamique, capable de rivaliser à l’échelle régionale et continentale, tout en préservant son identité historique et sa base populaire fidèle. La réussite d’un tel projet profiterait non seulement au club, mais aussi au football algérien et à l’économie nationale.
Le sacre du Mouloudia d’Alger en championnat national pour la deuxième fois consécutive constitue un point de départ majeur vers des objectifs plus ambitieux à l’échelle continentale. Mais atteindre ces objectifs exige une vision stratégique claire, qui dépasse les discours traditionnels centrés uniquement sur la formation, et qui adopte une approche globale combinant investissement dans la jeunesse, recrutement intelligent et développement institutionnel.
Ce club historique, qui a longtemps porté le nom de l’Algérie avec fierté, mérite un projet à la hauteur de son riche passé, de ses fidèles supporters et de ses réelles capacités. Le moment est venu de transformer ce potentiel en réussites concrètes sur les plans local, continental et économique.