7 août 1921 – 7 août 2021. Le MC Alger, « doyen » des clubs algériens de football, fête samedi le 100e anniversaire de sa création, dans un contexte particulier, au moment où le club algérois va boucler une saison 2020-2021 à mettre aux oubliettes, marquée par des résultats en dents de scie.
Alors que les supporters du plus vieux club algérien espéraient fêter ce centenaire dignement et de la plus belle des manières, voilà que la désillusion d’une saison blanche a fini rapidement par les faire déchanter.
Le Mouloudia qui, jadis, constituait une véritable locomotive pour les clubs algériens, de par sa stature et son standing sur la scène nationale et continentale, a complétement raté sa saison, alors qu’il y avait place à de meilleurs résultats, estiment les observateurs.
Que ce soit en championnat, en Ligue des champions ou bien en Coupe de la Ligue (relancée pour remplacer la Coupe d’Algérie, ndlr), le MCA a fini par rater tous ses objectifs, échouant ainsi à rééditer les exploits d’une ancienne génération qui avait marqué de son empreinte l’histoire du prestigieux club, notamment celle de 1976 qui s’était installée sur le toit du football national et continental en remportant le triplé Championnat – Coupe d’Algérie – Coupe d’Afrique des clubs champions.
L’âge d’or
Créé par feu Abderrahmane Aouf dit « Baba Hamoud » pour défendre la cause algérienne à travers le football du joug colonial, le MCA, également club omnisports, a dû attendre la saison 1935-1936 pour accéder en première division. C’est durant les années 1970 que le Mouloudia était parvenu à dominer le football national puis africain, grâce à une pléiade de joueurs talentueux menés par un certain Omar Betrouni et Zoubir Bachi.
Considérée comme l’âge d’or du MCA, la période post-indépendance 1970-1980 a été riche pour le club en matière de titres et de consécrations. Il a fallu attendre un demi-siècle pour assister au premier titre majeur des Mouloudéens : la Coupe d’Algérie en 1971.
Sous la houlette du regretté Ali Benfeddah, le MCA remporte sa première Coupe d’Algérie face à l’USM Alger (2-0), spécialiste de l’épreuve, qui était à sa troisième finale de rang. Ce sacre permet au Mouloudia de participer à sa première Coupe du Maghreb des vainqueurs de coupe, organisée à Alger, précisément au stade municipal de Ruisseau (20-Août-1955 actuellement, ndlr).
Une année plus tard, le Mouloudia est parvenu à décrocher son premier sacre de champion, enclenchant ensuite une véritable dynamique de titres, puisque les Algérois ont réussi à s’adjuger la Coupe d’Algérie 1973, toujours face à l’USMA (4-2, a.p).
L’apogée de la gloire a été atteint en 1976, une année qui a vu les joueurs de l’entraîneur emblématique Abdelhamid Zouba écraser tout sur leur passage. Si le club échoue en finale de la Coupe maghrébine, il se rachète en décrochant un triplé qu’aucune autre équipe algérienne n’a réussi à égaler jusque-là (Championnat – Coupe d’Algérie – Coupe d’Afrique), grâce notamment à des attaquants emblématiques : Betrouni, Bachi, Bousri, Bachta, et Benchikh, pour ne citer que ceux-là.
Une année plus tard, le MCA devient la première équipe du pays à fouler la pelouse du stade Santiago-Bernabeu, répondant à l’invitation du Real Madrid pour un tournoi célébrant le 75e anniversaire de la création du club espagnol.
Le 21 mars 1977, le Mouloudia s’inclina face au Real de Breitner, Del Bosque, et autres Camacho (2-1), laissant toutefois une bonne impression après avoir livré une prestation technique et collective de haute facture.
Le Mouloudia avait accentué sa suprématie au niveau local en remportant deux titres de champion de suite (1978 et 1979), bouclant une décennie qui allait devenir un véritable exemple à suivre en matière de performance.
Traversée du désert
Alors qu’il devait préserver sa dynamique et viser plus haut, le MCA a connu une longue traversée du désert qui allait se répercuter négativement sur ses résultats, au grand dam de ses nombreux supporters.
Au cours de la décennie 1980-1990, le MCA n’a remporté qu’un seul trophée : une Coupe d’Algérie en 1983 face à l’ASM Oran (4-3, a.p), suivie six années plus tard par une deuxième place en championnat, au terme de la saison 1988-1989.
Impuissant et incapable de faire éclore d’autres éléments de la trempe des Betrouni, Bachi ou encore Bachta, le MCA a touché le fond avec une saison 1984-1985 cauchemardesque, conclue par une relégation en division 2.
Une année plus tard, le Mouloudia retrouvera l’élite mais sans pour autant retenir les leçons, puisqu’il a failli revenir au purgatoire, n’était-ce la victoire (1-0) décrochée face à l’ES Sétif au stade Omar-Hamadi, synonyme de maintien parmi l’élite.
Il a fallu ensuite attendre vingt longues années pour voir le MCA sur le toit du football algérien, grâce à son sixième titre de champion, décroché en 1999 aux dépens de la JS Kabylie (1-0) au stade Ahmed-Zabana d’Oran.
Dirigés sur le banc par feu Abdelhamid Kermali, les coéquipiers d’Ameur Benali avaient dominé leur sujet de bout en bout, si
gnant ainsi leur retour sur la scène continentale, mais leur aventure a tourné court, puisqu’ils ont été éliminés dès le premier tour face aux Sénégalais de Jeanne d’Arc (aller : 1-1, retour : 1-5).
Comme ce fut le cas auparavant, le MCA est retombé de nouveau dans ses travers, échappant de peu à la relégation, avant de connaître les affres de la D2 au terme de la saison 2001-2002, mais le retour au palier supérieur s’est fait une année plus tard, sous la conduite de Noureddine Saâdi, récemment décédé des suites du Covid-19.
En dépit d’un manque de stabilité chronique, aussi bien au niveau administratif qu’à l’encadrement technique, le club algérois réussit une décennie fructueuse, remportant deux Coupes d’Algérie (2006, 2007) et un septième et dernier titre de champion en 2010.
Malgré les gros moyens mis par l’actionnaire majoritaire Sonatrach, de retour aux affaires du club en 2013, le MCA n’a remporté depuis que deux Coupes d’Algérie (2014, 2016).
Depuis, les résultats sont loin de satisfaire le « peuple » mouloudéen, dont la principale revendication réside en une véritable « révolution », pour permettre au « doyen » d’amorcer un nouveau départ, sur des bases solides.
Les supporters algérois ont renoncé à fêter le 100e anniversaire de la création du club, qui intervient dans une conjoncture difficile liée au Covid-19, pour organiser une collecte d’argent destinée à fournir des bouteilles d’oxygène aux patients atteints de coronavirus, sous le slogan « Makache fumigène, kayane oxygène » (Traduire : il n’y a pas de fumigène, il y a de l’oxygène).