Alors que la saison nationale entre dans sa phase la plus décisive, la Fédération algérienne de football (FAF) a publié la liste de places qualificatives pour les compétitions africaines 2025/2026. Une annonce qui, au lieu d’éclaircir le tableau, suscite la controverse. Elle intervient à seulement trois journées de la fin du championnat, remettant en cause l’équité de la course à l’Afrique.
La FAF a tranché : les clubs qui représenteront l’Algérie sur la scène continentale seront les trois premiers du championnat, accompagnés du vainqueur de la Coupe d’Algérie. En cas de doublon – si le vainqueur de la Coupe est déjà qualifié par le championnat – la place ne reviendra plus au quatrième du classement, comme c’était la règle jusque-là.
Une modification importante… annoncée à seulement trois journées de la fin. Cette décision, pour le moins tardive, redistribue les cartes, mais pas de manière équitable. Certains clubs comme l’ES Sétif, le Paradou AC ou encore le CS Constantine qui ont bataillé toute la saison pour rester au contact du top 4, voient désormais leurs efforts rendus inutiles.
La suppression du ticket continental pour le quatrième du classement retire tout enjeu sportif pour plusieurs équipes engagées dans le sprint final.
Il est d’usage, dans les règlements sportifs, que les critères de qualification soient établis et communiqués avant le début de la compétition.
En prenant cette décision à la fin mai, alors que le championnat touche à sa fin, la FAF brouille les repères et affecte la dynamique de certaines rencontres à venir. Les conséquences pourraient même se faire ressentir sur l’intégrité des résultats.
Le championnat se joue désormais entre le MCA, le CRB et la JSK. Ces trois formations ont encore des confrontations directes ou face à des clubs comme l’ESS ou le CSC, deux équipes initialement en lutte pour la quatrième place.
Mais avec cette place désormais vidée de toute récompense, qu’est-ce qui garantit l’engagement total de ces équipes dans les ultimes matchs ? Les conséquences sur le déroulement de la course au titre pourraient s’avérer considérables.
Dans ce nouveau paysage imposé par la FAF, un club tire visiblement son épingle du jeu : l’USM Alger. Loin derrière au classement du championnat, l’USMA voyait sa seule chance d’accéder à une compétition africaine passer par une victoire en Coupe d’Algérie.
Problème : l’adversaire en finale, le CR Belouizdad, est déjà assuré d’une place continentale via la Ligue 1.
Selon les nouvelles modalités, cette configuration assure automatiquement à l’USMA une place en Coupe de la Confédération, avant même que la finale ne se joue.
Le scénario est donc simple : là où l’USMA devait mériter sa qualification sur le terrain, elle l’obtient désormais par un alignement administratif.
Une situation qui soulève des questions, notamment sur la pertinence d’un tel changement à ce moment précis de la saison. Faut-il rappeler que plusieurs clubs, y compris ceux désormais évincés de la course, ont structuré leur saison, leur recrutement et leur préparation autour de l’objectif d’une qualification africaine ?
Certes, les fédérations ont le droit de réviser leurs critères de qualification. Mais encore faut-il que cela se fasse dans un cadre cohérent et anticipé.
À ce jour, rien n’indique que la FAF ait pris cette décision sur la base d’une consultation avec les clubs concernés. Ni même qu’elle ait considéré les répercussions sportives, morales ou économiques pour les formations lésées.
Ce genre de décisions, à défaut d’être bien planifiées, nuit à la crédibilité des compétitions domestiques et à la perception d’équité du football national. Le respect de la compétition ne s’arrête pas à l’application d’un règlement : il passe aussi par la stabilité, la prévisibilité et la reconnaissance de l’effort accompli sur la durée.
En modifiant les règles du jeu en plein sprint final, la FAF a peut-être désigné ses représentants, mais elle a aussi ouvert la porte à une polémique qui pourrait entacher la fin d’un championnat pourtant disputé jusqu’ici avec intensité.