Liverpool-AC Milan reste à jamais l’incroyable finale de la Ligue des champions 2005 remportée par des Reds renversants (3-3, 3-2 t.a.b.) à Istanbul. Mais mercredi (21h00/19h00 GMT), en ouverture du groupe B, ce sera surtout l’affrontement entre deux clubs légendaires qui ont su se réinventer.
Cela faisait sept ans que les Milanais avaient quitté l’élite européenne. Un sacré passage à vide pour le club aux sept trophées dans la compétition, dépassé seulement par le Real Madrid (13 victoires).
Les huit finales disputées entre 1989 et 2007 ne sont que des lointains souvenirs, la dernière ayant d’ailleurs aussi été disputée, et remportée (2-1), cette fois, face à Liverpool.
Mais ce dernier coup d’éclat continental a été suivi d’un déclin progressif du club, dont le dernier scudetto remonte à 2011.
Le club perd ensuite la plupart de ses joueurs emblématiques (Gattuso, Nesta, Seedorf ou Inzaghi), s’égare dans des recrutements hasardeux, fait défiler les entraîneurs et plonge financièrement.
Silvio Berlusconi, propriétaire depuis 1986, finit par vendre un club lourdement endetté en 2017 à un mystérieux homme d’affaires chinois, Li Yonghong, avant qu’il ne passe dès l’année suivante aux mains du fonds américain Elliott.
Pour rééquilibrer les comptes, le club concentre son recrutement sur des jeunes à fort potentiel, encadrés par quelques joueurs d’expérience comme Zlatan Ibrahimovic et Simon Kjaer.
« Ibra » quasi quadragénaire épanoui
Pari gagnant comptablement mais aussi sportivement avec l’éclosion des Theo Hernandez, Franck Kessié ou Ismaël Bennacer, guidés par un « Ibra », totalement épanoui dans son rôle de tuteur à presque 40 ans.
Milan a fini pour la première fois dans le Top 4 depuis 2013 — 2e derrière l’Inter après avoir été champion d’hiver — sous la houlette de Paolo Maldini, directeur sportif depuis le départ de Leonardo en juin 2019, et d’un entraîneur aux idées claires, Stefano Pioli.
Face à eux mercredi soir, les Milanais trouveront un Liverpool passé au bord du gouffre en 2010, quand une bataille judiciaire l’avait tiré des griffes des hommes d’affaires américains George Gillett et Tom Hicks, évitant la faillite.
Son sauveur, Fenway Sports Group (FSG), s’était fait connaître en remettant les mythiques Boston Red Sox sur le trône du baseball américain en 2004 — puis 2007, 2013 et 2018 –, un trophée que la ville attendait depuis 1918.
Il a importé sur les bords de la Mersey les méthodes qui avaient fait merveille en Nouvelle-Angleterre, tout en s’adaptant au bassin économique bien moins prospère — chez les supporters comme pour les partenaires locaux — que celui de Boston, ou des rivaux de Manchester et Londres.
Adepte de ce qui est appelé le « Moneyball », une approche statistique du jeu et du marché des transferts pour maximiser le rendement de chaque recrutement, FSG a aussi d’abord gagné la bataille des chiffres.
« Pas un drame s’ils sortent »
Avant la pandémie de Covid-19, le chiffre d’affaires du club avait triplé en dix ans pour atteindre 589 M EUR en 2019 et la valeur du club, racheté 300 M GBP (330 M EUR), est estimée à 2,9 mds GBP (3,5 mds EUR).
Après une Coupe de la Ligue en 2012 et une 2e place en championnat en 2014, c’est l’arrivée de Jürgen Klopp en octobre 2015 qui va redonner au club toute sa dimension avec une victoire en Ligue des champions en 2019 et un titre de champion, attendu depuis 30 ans, en 2020.
Le choc de mercredi opposera aussi deux équipes bien lancées cette saison.
Liverpool, qui compte 10 points en 4 journées, est dans le quatuor de tête de la Premier League. Milan a aligné trois succès en trois matches, dont une belle victoire contre la Lazio (2-0) dimanche.
Avec un groupe particulièrement relevé, qui compte aussi l’Atlético Madrid et le FC Porto, le club italien n’a pas été épargné par le tirage.
« Le groupe est le plus difficile de tous, ce n’est pas un drame s’ils sortent », a estimé son ex-buteur Andriy Shevchenko dans la Gazzetta dello Sport. « Mais mettons-nous à la place des adversaires: tomber sur Milan n’est pas un cadeau » non plus.