Déjà buteur décisif à l’aller (2-1), Riyad Mahrez a été le bourreau d’un Paris SG décevant mardi, sans Kylian Mbappé, en demi-finale retour de Ligue des champions, inscrivant un doublé (2-0) qui envoie City au septième ciel: sa première finale de Ligue des champions.
On n’arrête plus le gamin de banlieue parisienne qui s’est accroché si fort à son rêve qu’il est en train de transformer son histoire en scénario digne des meilleurs films sportifs.
Au Parc des Princes déjà, à quelques kilomètres de Sarcelles où ce rêve a germé, d’un coup franc bien aidé par un mur qui s’était délité, il avait offert un avantage précieux à son équipe qui avait su attendre son heure.
Mardi soir, les éléments se sont déchaînés avant le coup d’envoi, avec une longue averse de grêle puis un déluge de pluie très mancunien pendant le match, mais l’international algérien a livré une prestation incandescente qui a réchauffé l’atmosphère.
« On a encore pas très bien commencé, on n’a pas fait une très bonne première période, mais on a marqué ce but et après on a été plus à l’aise », a-t-il expliqué après le match à BT Sport.
« En seconde période, on a beaucoup mieux joué, on a eu beaucoup d’occasions, on aurait pu marquer plus. Ils ont commencé à perdre leurs nerfs et à donner des coups. C’est bien qu’ils aient eu un carton rouge », infligé à Angel Di Maria, a-t-il ajouté.
« Un gars qui danse sur le terrain »
Fort de son avantage, Pep Guardiola avait choisi une stratégie risquée mais finalement payante en laissant Paris venir tout près de ses cages pour mieux le frapper dans le dos.
Et Mahrez a été le bras armé de ce coup de génie tactique.
Pendant une bonne partie du match, lui, l’artiste aux pieds ailés – « C’est un gars qui danse sur le terrain », avait dit de lui Guardiola, en mars -, a dû faire sa part de sale boulot en contribuant à bloquer le côté droit.
Dans une condition physique remarquable à ce stade de la saison, il était prêt à mener les charges vers l’avant, dès que l’occasion s’en présenterait.
Longtemps snobé par le monde du football, il a finalement percé le plafond de verre en démarrant bas, à Quimper, au quatrième échelon, puis en continuant au Havre, au deuxième échelon. Il a ensuite traversé la Manche vers l’énigmatique Leicester.
Un club qui ne dit pas grand chose, même aux amateurs de foot, quand il y part en 2014, mais il le met sur la carte du football européen en 2016 en remportant avec N’Golo Kanté et Jamie Vardy, deux autres Ovnis du foot, un titre à la barbe des plus grands, sous la houlette de Claudio Ranieri.
Une saveur spéciale
A City, on lui promettait un rôle de joueur de rotation, au mieux, un bide, au pire. Mais sous la direction patiente de Guardiola, il a étoffé son jeu, travaillant sans jamais rechigner, toujours désireux d’aller voir plus haut.
Dans ce match retour, il s’est trouvé deux fois au bon endroit au bon moment.
La première fois pour reprendre une frappe contrée de Kevin de Bruyne, pour glisser le ballon sous le gardien, à angle fermé, et accroitre encore le désarroi des Parisiens (1-0, 11e).
Et en seconde période, sur une contre-attaque sublime, il a reçu une offrande de Phil Foden sur laquelle il n’a pas retenu sa frappe au moment de la mettre au fond et de valider un peu plus le billet pour la finale d’Istanbul fin mai (2-0, 63e).
Pour lui, le supporter de l’OM – battu deux fois sévèrement (3-0) en poule par City – ces buts ont forcément une saveur spéciale. La poignée de main avec les vaincus fera sans doute partie des meilleurs souvenirs de sa carrière.