Le quatrième titre en cinq ans remporté dimanche par Manchester City consacre la domination au niveau national d’un club toujours renvoyé à ses échecs européens, le dernier en date face au Real Madrid en demi-finale de Ligue des champions.
Manchester City est-il le club le plus mal aimé et injustement critiqué d’Angleterre ?
C’est la petite musique que Pep Guardiola, lui-même, susurre aux journalistes, persuadé que les succès et la régularité dans l’excellence de son équipe ne sont pas reconnus à leur juste valeur.
Six podiums en six saisons sur le banc, dont quatre titres, une 2e place et une 3e, dans le championnat le plus relevé et le plus compétitif au monde, devrait vous rendre presque inattaquable.
Mais cela n’a pas empêché certains de parler d' »échec » pour City cette saison, après l’élimination face au Real.
« Les gens disent que puisque cette équipe n’a jamais réussi à gagner la Ligue des champions, c’est un échec. Je ne suis absolument pas d’accord, mais je l’accepte », avait balayé l’entraîneur espagnol.
« Je sais que les gens d’ici sont obsédés par la Ligue des champions. Le jour où on la gagnera, je suis sûr qu’ils diront que c’est grâce à tout l’argent qu’on a dépensé, pas grâce à notre travail », avait-il poursuivi.
« Tout le monde soutient Liverpool »
Contrairement à la finale de C1 2021, perdue contre Chelsea (1-0) et démarrée sans véritable récupérateur, ou au quart de finale perdu contre Lyon (3-1), un an plus tôt, après avoir joué en 3-5-2 pour la seule fois de la saison, il n’y avait pourtant pas grand-chose à reprocher aux choix du Catalan sur la double confrontation face au Real.
Les absences en défense ont empêché les Citizens de faire le trou à l’aller (4-3) et ils n’ont pas été les seules victimes d’un incroyable renversement de situation — de 0-1 à 3-1 au retour — face au Real, cette saison, en C1.
Cela n’a pas empêché Guardiola d’être encore éreinté par divers consultants.
Guardiola préfèrerait entraîner des joueurs sans personnalité, a estimé Patrice Evra, ou il déresponsabiliserait ses joueurs en les assommant de consignes tactiques selon Dietmar Hamann…
Manchester City souffre certainement de son image de machine trop propre, trop bien pensée, trop bien huilée.
Quand il gagne, malgré les compliments des esthètes sur la qualité de son jeu, c’est normal, presque lassant. Quand il perd, les critiques pleuvent.
« Tout le monde dans ce pays soutient Liverpool, les médias, tout le monde… », avait même lâché Guardiola récemment dans une interview d’après-match.
« Bien sûr Liverpool a une histoire européenne incroyable. Pas tellement en Premier League, puisqu’ils n’ont remporté qu’un titre en 30 ans, mais ce n’est pas un problème », avait-il ajouté en guise de pique.
Premier League plutôt que Champions League
Le nul 2-2 arraché contre West Ham dimanche dernier était le premier match que les Mancuniens ne perdaient pas, sous les ordres de Pep, après avoir été menés 2-0 à la pause.
Si Riyad Mahrez avait transformé son penalty à quelques minutes de la fin, les Citizens auraient même pu l’emporter.
« Si je devais choisir, je préfèrerais gagner la Premier League » plutôt que la Ligue des Champions, avait affirmé en mars Kevin De Bruyne.
« En Ligue des champions, il faut être bon à certains moments, mais c’est plus une loterie que le championnat qui se joue sur plus de matches », avait-il ajouté, assurant que les avis extérieurs l’indifféraient.
« C’est quoi la postérité ? Est-ce que ce que j’ai réalisé serait plus important si j’avais gagné la Ligue des champions l’an dernier ? Pour moi, en tant que joueur, non. (…) A la fin de ma carrière, je ne me retournerai pas sur ce que je n’ai pas gagné », a-t-il assuré. Et City non plus.