Il n’est jamais trop tard pour passer à table (quitte à la renverser et faire des vagues, et quelles vagues !) et remettre les choses à leur place. Dire vrai quitte à choquer.
Ce qu’a fait d’ailleurs, sans sourciller et avec un petit sourire en coin, l’ancien entraîneur-sélectionneur des «Verts» dont la sortie médiatique dépasse toutes nos craintes dans un milieu pourri où n’importe qui fait n’importe quoi. Dit n’importe quoi.
Sans prendre de gants, sûr de ses «accusations» (elles sont graves et méritent réponse par qui de droit parce que le public des «Fennecs» en particulier, et l’opinion sportive en général, ont le droit de savoir et nulle intention de notre part de faire un mauvais procès à un technicien dont la particularité est, justement, de n’avoir pas beaucoup parlé avant ce passage à l’«acte») d’un personnage plutôt réservé mais que les derniers événements semblent avoir réveillé.
A l’image d’un volcan longtemps resté en mode «veille». Sans malheureusement mesurer la portée de ses derniers propos en date au retentissement international survenant après que le quotidien sportif français «France Football», emboîtant le pas à la BBC, ait rendu public certaines pratiques en cours dans un football algérien plus que jamais décidé à faire l’évènement par rubriques «faits-divers» internationales loin de soigner une image singulièrement ternie, n’a pas raté l’occasion de son passage (remarqué et remarquable) par les plateaux de la chaine privée algérienne, «Echourouk», de nous faire remonter le temps avec une drôle de confirmation où l’on apprend, c’est l’info ou le scoop de la dernière décennie (on est en 2010 et en Algérie la cinglante, humiliante défaite concédée en demi-finale de la CAN d’Angola, face aux futurs champions égyptiens qui feront mieux que de prendre leur revanche de leur élimination historique d’Oum Dourmane pour le compte du Mondial de la même année en Afrique du Sud, fait toujours débat ), que le verdict de cette importante manche sur la route d’une finale où les Bougherra and Co, qui venaient tout juste de barrer, avec brio et maestria, la route au super favori de l’édition, la Côte d’Ivoire de Drogba et autres «Eléphants» de renom, rêvaient d’un sacre à portée de pieds devant récompenser une génération aux mérites immenses. Neuf longues années donc après un naufrage en règle (un revers de 4-1 qui fera date) et un arbitrage scandaleux portant la griffe du non moins célébrissime et funeste Koffi Kodjia renvoyé depuis (une radiation à vie) aux poubelles de l’histoire pour avoir montré les signes d’une partialité évidente (trois joueurs et non des moindres ont vu rouge côté algérien et il s’agissait du trio Halliche- Belhadj et Chaouchi, soit tout le compartiment défensif, et la suite, pas belle à raconter, tout le monde la connaît), celui qui présidait à l’époque aux destinées de la barre technique, Rabah Saâdane, jette un gros pavé dans la mare aux relents de scandale.
Anomalies et drôle de cadeau !
Un délit qui dépassera largement les frontières et ne devrait pas tarder à entraîneur dans son sillage nombre de commentaires peu amènes pour un football national pataugeant dans les «affaires» de corruption et de combines étalées au grand jour.
Que dit Saâdane et pourquoi ces « révélations» tonitruantes maintenant et pas avant. En son temps, soit à l’arrivée de cette gifle administrée par l’ennemi-intime égyptien et le tollé général soulevé par les millions de fans au pays qui digéreront mal la «correction» ? Tout bonnement que, sur «décision venue d’en haut» (il fallait préciser M. Saâdane et on ne peut malheureusement que vous croire en attendant les clarifications ou mises au point des parties visées à l’origine de ce véritable «traumatisme» que portent d’ailleurs très mal les supporters), le corps arbitral, en concertation avec les responsables des fédérations algérienne et égyptienne, recevait instruction (avec la bénédiction de la Faf de l’époque dirigée alors par le dictateur Hayatou connu pour ses méthodes peu orthodoxes ?), héritait de la mission d’ouvrir le chemin (avec une telle marge au score et pourquoi la partie algérienne, sans se soucier du prestige de sa vitrine, a accepté un tel marché de dupes où elle perdait gros ?) de la victoire finale (le très désiré trophée, jamais aussi près d’Alger depuis le sacre de 1990, prendra finalement la destination du Caire dans la folie populaire que vivront les bords du Nil dans un contexte politique peu favorable- ça rend plus plausible la thèse de Saâdane- au régime Moubarak qui ne survivra pas, au passage, à la pression du peuple et tombera comme un fruit mûr) à des «Pharaons» ravis (les joueurs algériens, précisera- on ne sait pas si leurs adversaires étaient mis au parfum selon Saâdane, ils seront les dindons de cette farce, car ils n’étaient pas au courant d’un tel arrangement, selon ses propos) de l’aubaine et qui fêteront avec fracas leur revanche devant l’adversaire de toujours. Un scénario donc écrit ailleurs que sur le terrain de Luanda dans une opposition truquée. Décidée en coulisses. Gravissime et une couleuvre difficile à digérer.
Qui ne passera pas facilement. Que s’était-il passé un certain 27 janvier 2010 à l’occasion de la messe continentale du ballon rond et à quelques encablures seulement de la Coupe du monde dans le pays de Mandela dans ce match Algérie- Egypte où les «anomalies» n’ont pas manqué ? A commencer, et c’est le point nodal, par cet arbitrage camerounais unique et inique qui précipitera le naufrage de Ziani et les siens renvoyés refaire leurs classes, promenés de bout en bout et comme jamais au cours d’un duel inégal où ils auront été floués.
Avec des «on», on revisite l’Angola
A l’arrivée de laquelle, Saâdane, désolé au plus haut point et se gardant d’en dire plus, résumera ainsi : «Il n’y a pas eu de match de football aujourd’hui. L’arbitre nous a déstabilisés par ses décisions. Il est pour beaucoup dans notre élimination. L’expulsion de Halliche a été planifiée et préméditée.
On a visé notre meilleur défenseur. Malgré le penalty, on a continué à jouer dans le but d’égaliser mais c’était impossible avec un tel arbitrage et trois expulsions qui ont touché toute la défense. Il faut analyser ce qui s’est passé à tête reposée. Nous avons réalisé une bonne CAN. Il y a beaucoup d’enseignements à tirer et il faut continuer à travailler».
Une défaite comme tant d’autres qu’il fallait oublier au plus vite. Pas meilleure manière de se taire (se la fermer serait plus juste) et passer à autre chose en suggérant, à demi-mot, que la sanction obéissait à d’autres motivations. Que l’on sait depuis jeudi soir, le «cheikh» décidant enfin de «soulager» sa conscience et nous révéler que les hautes autorités algériennes ont pris sur eux (c’est la seule lecture à faire) de rendre un service au pouvoir politique égyptien, en place à l’époque et en très mauvaise posture, lui qui faisait face à un bouillonnement sans précédent de la rue locale.
Une «élimination préméditée à 100% (…) Eliminés de la course vers la Coupe du Monde, nos frères Egyptiens avaient besoin de gagner la CAN 2010 pour atténuer la désillusion. Et nous, on allait disputer le Mondial donc on nous a demandé de les laisser passer en finale de la CAN.» Un «on» bien étrange (c’est toujours indéfini et ça arrange) que Saâdane se gardera, entre autres, de désigner de son vrai nom.
Nommément. Non sans mettre un point d’honneur à se dédouaner en assurant ne s’être pas mouillé, encore moins cautionné ni trempé (il faut appeler un chat un chat) dans cette magouille qui le dépasse.
Aussi sûrement (même s’il ne le dit pas) qu’elle dépasse le prédécesseur de Zetchi, le très influent président de la Faf Raouraoua, dont il faudra attendre la réaction lui qui est visé directement.
Avec ce «Moi, j’ai refusé. Je ne voulais pas jouer à ce jeu. Je ne voulais pas que l’histoire retienne que j’ai fait partie d’un marchandage au détriment de l’intérêt de mon pays pour permettre à un autre d’éviter une crise interne», qui ne convainc personne (les révélations venant très tard et ne sont pas dénuées d’arrière-pensées quand bien même on ne peut douter de sa sincérité), sa complaisance quoiqu’il puisse dire ou ajouter, sonnant comme un aveu.
CAF et Pandore
Au final (il faudra creuser encore plus avec des langues qui ne vont pas tarder à se délier soit pour ajouter de l’eau au moulin du driver historique de l’E.N, soit pour le démentir ou le confondre, ça s’annonce d’ores et déjà palpitant, aussi sûrement que ça fera les choux gras de la presse internationale) et du haut de sa «domination» outrageante sur le continent, «Oum Eddounia» ajoutera une 7e étoile à un maillot truffé (il faudra creuser, pourquoi pas et c’est le moment propice maintenant que le poids de l’Egypte semble en perte de vitesse, de ce côté-ci connaissant les us et coutumes prévalant du côté du Caire et de cette si décriée CAF portée sur le jeu des coulisses) de distinctions et écrasant de toute sa «splendeur» le reste des concurrents et des compétitions tant en sélections qu’en équipes de clubs.
La bonne nouvelle toutefois ? On saura, à la bonne heure, que les joueurs algériens (ils n’ont pas été mis au parfum) n’ont «pas levé le pied» et peuvent aujourd’hui oublier ce fâcheux épisode et se dire qu’«ils n’ont pas (merci Saâdane de le préciser) été battus à la régulière.» Une barrière psychologique est tombée. Pour un peu tout le monde.
Y compris l’auteur de ces graves révélations qui vient, bien malgré lui, d’ouvrir les portes de l’enfer pour un football algérien dans le viseur de la Fifa avec toutes ces affaires de corruption reprise par les médias hors frontières.
Une opportunité pour la nouvelle équipe dirigeante de la CAF, menée par le Malgache Ahmad Ahmad de fourrer (elle ne tardera pas à montrer ce dont elle est capable avec deux grands noms en mesure de constituer le parfait exemple) son nez dans ce registre.
Avec des décisions (sanctions ?) que l’on n’ose imaginer pour l’avenir de notre sport-roi qui n’en finit plus de défrayer (dans le mauvais sens) la chronique. Le mot de la fin et même s’il aura des suites que l’on imagine fâcheuse? La Fifa, intraitable (ses statuts sont plus que claires à ce sujet) quand il s’agit de l’immixtion du politique dans le monde du sport, n’a pas pour habitude de rester sans réaction. Attention, danger.
En ouvrant la drôle de boîte (Pandore, qui es-tu et il en connaît le sens?) Saâdane ne savait-il pas où il mettait le doigt et quels dégâts cela produirait inévitablement. Casse garantie. A moins que…
A. A.