Dans un paysage footballistique algérien encore largement tributaire des subventions publiques, le Mouloudia d’Alger trace lentement mais sûrement sa propre trajectoire. Entre partenariats solides, développement digital et infrastructures modernes, le club de la capitale se donne les moyens de changer d’échelle.
Le MC Alger n’est pas seulement un club historique, c’est aussi un acteur en pleine mutation. Soutenu financièrement par Sonatrach, son actionnaire principal, le Doyen bénéficie de bases économiques rares dans le championnat algérien.
Le renouvellement du partenariat avec Ooredoo, l’engagement renforcé de Hisense, ou encore l’arrivée du fabricant de téléphones Infinix – avec une contribution de 5,5 milliards de centimes – témoignent d’un pouvoir d’attraction réel auprès de grandes marques.
À ces mécènes de poids s’ajoutent des soutiens secondaires comme la société Messâd, dont l’apport reste modeste mais symbolique dans la stratégie d’ouverture du club.
La gestion de ce capital, assurée par le président Hadj Redjem, reste discrète mais méthodique. Loin des grandes annonces spectaculaires, ce dernier semble privilégier la solidité à la précipitation.
Chaque signature de contrat, chaque nouveau sponsor est le fruit d’une négociation anticipée, orientée vers la stabilité.
Contrairement à d’autres formations qui naviguent à vue, le MCA semble avoir trouvé une ligne directrice, qui combine prudence et ambition. La force du club réside désormais dans sa capacité à structurer ses ressources pour en tirer un maximum de bénéfices à long terme.
Parmi les signaux les plus forts de cette nouvelle dynamique, l’ouverture de la boutique en ligne du club, le 12 avril dernier, constitue une étape majeure. Plus qu’un simple outil commercial, cette plateforme numérique marque une rupture avec les pratiques passées.
Les supporters, longtemps privés d’accès aux produits officiels, peuvent désormais commander des articles aux couleurs du Mouloudia depuis n’importe où. Le geste est à la fois symbolique et stratégique. Il inscrit le club dans une logique économique nouvelle, où la marque MCA devient elle-même une source de revenus.
Ce virage digital témoigne aussi d’une volonté de rapprochement avec la base populaire du club. En s’adressant directement à ses fans via un canal officiel, le MCA ne fait pas que vendre des produits : il renforce un lien émotionnel et identitaire.
Porter les couleurs du Doyen devient ainsi un acte d’appartenance renforcé, au-delà des stades et des frontières géographiques. Le marketing, longtemps sous-exploité, trouve ici un terrain d’expression à la hauteur du potentiel affectif du club.
Un club-pilote pour le football algérien ?
Ce n’est pas un hasard si cette initiative commerciale s’inscrit dans un projet plus large, mené en parallèle.
Le centre d’entraînement flambant neuf de Zéralda, baptisé en hommage à Abderrahmane Aouf-Baba Hammoud, est déjà opérationnel. La gestion du stade de Douéra, devenu officiellement le stade Ali Ammar, marque une autre avancée dans la professionnalisation du club.
Ces installations sont pensées comme des points d’ancrage pour un MCA moderne, ouvert sur son environnement économique et soucieux de pérennité.
La volonté de nouer des collaborations avec des startups locales, annoncée dès 2023, complète cette orientation.
Le club ambitionne de devenir un catalyseur d’initiatives locales, en intégrant des solutions technologiques à son modèle de développement. Dans cette perspective, la boutique en ligne ne représente qu’un début, un prototype de ce que pourrait être un club algérien pleinement inséré dans un écosystème entrepreneurial.
Même du côté des équipements, les choix évoluent. Alors que Puma s’apprête à céder sa place, la firme chinoise PEAK semble bien partie pour devenir le prochain fournisseur du club. Là encore, la direction vise la cohérence : un partenaire engagé, capable de répondre aux besoins sportifs tout en contribuant à l’image globale du MCA.
Sans renier ses racines populaires, le Mouloudia d’Alger avance sur la voie d’une transformation profonde. Une démarche qui, si elle porte ses fruits, pourrait bien servir de modèle au football national.