L’heure de vérité approche pour la sélection algérienne appelée à disputer, les 25 et 29 mars en cours, deux matchs décisifs dans la course à la qualification au Mondial, deux rendez-vous que l’entraineur national, Djamel Belmadi, a évoqué longuement hier en conférence de presse animée au centre technique de Sidi Moussa la veille du départ des Verts pour Malabou (Guinée équatoriale) pour préparer le match aller contre le Cameroun vendredi prochain à Douala.
Déjà le fait de disputer cette première manche en terre camerounaise est perçu par le sélectionneur national comme un ‘’avantage’’ qu’il faudra exploiter.
‘’L’enjeu sera partout.
À Douala ou à Blida! Ça sert à quoi d’aller à Douala, sinon? On peut les attendre ici tranquillement. Mais jouer l’aller là-bas, ça reste un avantage pour nous. Imaginez-vous, le 29 mars, devoir jouer le match retour à Japoma. Ça fait peur, non? On a mérité de jouer ce retour à Tchaker, c’est le résultat de trois ans d’avance. Ce n’est pas joué d’avance mais c’est un avantage. C’est la dernière possibilité pour certains de jouer la Coupe du Monde, pour d’autres c’est peut-être aussi la dernière chance d’évoluer avec une génération aussi talentueuse», a-t-il dit à ce propos.
L’autre point positif pour notre sélection tiré de cette domiciliation du match aller à Douala, c’est le fait que les camarades de Mahrez n’auront pas difficultés pour s’y adapter, vu qu’ils y ont joué trois matchs lors de la précédente CAN.
Belmadi est d’ailleurs de cet avis : «Japoma, on en a l’expérience, désormais. Je crois que le Cameroun a joué son match de qualification face à la Côte d’Ivoire là-bas aussi. On y a joué trois matchs il y a seulement deux mois, donc on veut réagir dans ce stade. Je peux vous garantir que nos joueurs ont envie d’aller à la Coupe du Monde. Nos échanges resteront privés. C’est un évènement particulier, il fallait donc une préparation particulière».
Pendant son intervention, le coach national n’a pas cessé d’évoquer l’importance de la qualification à la Coupe du monde, et pour lui et pour ses joueurs. «On se prépare à tout ça depuis longtemps. La Coupe du Monde est l’évènement par excellence et mes joueurs sont très déterminés pour ça. J’aurais aimé jouer dans une très bonne équipe et être à deux matchs de la Coupe du Monde avec un finish chez moi à Tchaker. C’est de la pression, certes, mais c’est aussi une grande chance et un honneur», a-t-il ajouté.
«Jouer l’aller à Japoma est un avantage»
Et d’enchaîner dans ce contexte toujours : «Préférer gagner une CAN ou jouer un Mondial? Les goûts, les couleurs… aimes-tu le chocolat ou la vanille, c’est pareil. Moi j’avais ces deux objectifs en rejoignant mon pays. On ne veut pas choisir, en réalité. Il faut passer dans les moments difficiles, être dans la peur, qu’il faut gérer, ou le stress, qu’il faut aussi gérer. Si c’était la Coupe Coca-Cola, ce serait trop facile! On parle de la Coupe du Monde, il faut passer par tout ça’’.
Dans la foulée, il était question aussi de justifier ses choix de la liste des 24 joueurs concernés par les barrages, surtout qu’elle intervient après le surprenant échec des Fennecs lors de la précédente CAN.
À ce sujet, Belmadi dira : «L’échec de la CAN, c’est ma responsabilité. C’est un échec collectif, on n’incrimine personne, je n’ai pas fait de liste sanction mais une liste pour nous qualifier pour la Coupe du Monde. Des joueurs ont été écartés, puis sont revenus, et l’inverse.
Il n’y a pas de choix définitif, on pense exclusivement à la qualification. Ça fait 4 ans que je suis avec mes joueurs, ce serait injuste de les juger seulement sur les trois derniers matchs. J’ai toujours apprécié leur envie, leur détermination, leur amour de l’Équipe Nationale. Il n’y a pas d’arrogance ni de manque d’humilité, bien au contraire, mais nous on veut mourir sur le terrain. Tout est étudié, même s’il y a les aléas du football, mais nous on a beaucoup de confiance.
Depuis la CAN 2019, on a avancé, on a montré, dans notre constance, qu’on pouvait continuer à progresser. Il y a eu un arrêt il y a deux mois mais le but est d’aller en Coupe du Monde, je l’ai toujours dit».
«Mettre à l’écart certains joueurs n’est pas une sanction»
Parlant de la première convocation de l’attaquant Benyettou, il a poursuivi : «Félicitations à Benyettou pour sa sélection. Il n’a pas 20 ans mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Ça fait 3 ans qu’il est assidu, qu’on le suit. On cherche un joueur qui marque et il a su le faire dans de gros matchs. Benyettou mérite de s’approcher de cette sélection. Quant à son utilisation, on verra plus tard!’’.
Un autre joueur a reçu lui aussi sa première convocation en sélection. Il s’agit du latéral gauche de l’ES Sahel de Tunisie, en l’occurrence, Laouafi. «Il a un peu un profil à la Nadir Belhadj. Il faut qu’il progresse défensivement mais on a aussi pensé à Touba qui sait jouer dans cette position», a encore dit Belmadi précisant, au passage, avoir rappelé Guedioura et Boudaoui parce qu’ils lui sont parus ‘’être les plus adaptés à la qualification».
Mieux, le coach pense que Guedioura ‘’est pleinement capable de faire ce que j’attends de lui, on verra en fonction des différents calculs s’il aura du temps de jeu, s’il rentrera ou s’il démarrera ces deux matchs. Une chose est sûre : Je sais que Guedioura est prêt».
Quant au come-back de Touba, qui a été écarté de la précédente CAN, Belmadi n’a pas tari d’éloges sur ce joueur qui évolue actuellement dans le championnat des Pays-Bas : «Touba a été formé latéral gauche, il a commencé central il y a seulement 3 ans en Bulgarie. Il était même piston gauche, ce qu’on imagine mal vu qu’il est très costaud. C’est à prendre en considération selon ce qu’on recherche’’.
Autre revenant, à savoir Belfodil, qui a eu droit aussi à des mots forts de la part du sélectionneur : «Belfodil a été un joueur très prometteur. Il a beaucoup été comparé à Benzema à un moment donné. À mes débuts comme entraîneur, j’avais Georges Prost qui, il y a 10 ans, me le vantait déjà comme un super joueur.
Belfodil n’a pas eu la carrière qu’il aurait pu espérer, mais il a toujours rebondi. Il aurait dû jouer la CAN 2019 mais il s’était fait les ligaments croisés, c’était peut-être sa meilleure saison. Ce joueur, quand il est en pleine possession de ses moyens, peut apporter énormément. C’est un joueur qui aime jouer, techniquement très habile malgré sa taille’’.
Ghezzal fait lui aussi son retour en sélection, un joueur ‘’qui a été décisif, qui joue dans un grand club. Il a été blessé en Zambie qui l’a coupé dans son élan et le plus important, c’est maintenant. Il vient avec cette idée revancharde qui me plaît beaucoup. Cela dit, les joueurs sélectionnés le sont pour des choix tactiques, évidemment, mais aussi pour l’aspect mental qui est extrêmement important pour moi», selon Belmadi.
«La présence de nos supporters au Cameroun nous sera un stimulant»
Le coach national s’est dit, en outre, très satisfait de la belle forme qu’affiche l’un de ses meilleurs atouts, en l’occurrence, Ismaïl Bennacer, bien qu’il le voit dans un registre autre que celui qu’il joue au Milan AC.
«J’ai toujours vu Bennacer dans un rôle plus offensif, en relayeur, parce qu’il est capable de marquer. Souvenez-vous de sa frappe face au Nigéria ou de sa récupération de balle. S’il était en sentinelle, ça n’aurait pas été possible», a-t-il estimé.
Évoquant le changement intervenu à la barre technique de l’adversaire camerounais, Belmadi pense que cela ne devrait pas avoir des répercussions sur le fond de jeu habituel des Lions indomptables : «C’est la FECAFOOT (Cameroun) qui a choisi de changer de sélectionneur, elle a pesé les risques. L’avenir nous dira si ça a été une bonne chose ou pas, mais on espère évidemment que non’’.
Il est persuadé toutefois que l’adversaire a d’énormes potentiels qu’il faudra prendre en considération. «Le Cameroun a beaucoup de joueurs qui peuvent être dangereux, mais je ne vois pas l’intérêt de rentrer trop dans le détail de leur équipe. Vous les avez vus, ils ont une animation, un style, des phases de jeu’’, s’est-il contenté de dire à ce propos.
Beaucoup de chose ont été aussi dites sur l’arbitre désigné pour officier le match aller, mais Belmadi, lui, n’a voulu faire aucun commentaire à ce propos, saluant au passage l’action des pouvoirs publics qui ont organisé le déplacement de près de 1 800 supporters à Douala. ‘’Certes, ils ne seront pas majoritaires, mais je suis persuadé que leur présence sera un stimulant de taille pour nous’’, a-t-il conclu.
