L’adage ne dit-il pas que seule la victoire est belle ? Et elle sera belle, très belle même celle remportée face à une grande Côte d’Ivoire au terme d’un match qui aura duré une éternité.
Tenu toutes ses promesses. Une partie où les Algériens, sur les nerfs, sont passés par toutes les émotions avant la libération et le déferlement, par milliers, (de véritables marées humaines sont descendues dans les rues et ruelles de tout le pays) au coup de sifflet final de l’arbitre éthiopien, pour fêter, comme il se doit, la performance (et c’en fut une de grandiose car la partie n’a pas été facile) de ses héros qui leur donnent rendez-vous pour dimanche prochain et un autre exploit sous la forme d’une place en finale et continuer à rêver.
Des images inoubliables
C’est ce qu’on appelle jouer avec les nerfs de ses fans. Faut-il encore le regretter ? Regretter, par exemple, cet empressement de Bounedjah à se faire justice lui-même après que le directeur du jeu lui accorda un penalty justifié sur un fauchage dans la surface de vérité par le keeper ivoirien.
Un épisode vite oublié après qu’un air de fête, de pure folie populaire a soufflé sur tout le pays après que le malheureux Dié, chargé de tirer le penalty, le 5e et décisif pour son team, manqua le sien et verra son ballon aller toucher le ras du poteau droit de M’Bolhi et mourir dans les décors.
Dans la joie indescriptible qu’on imagine dans le camp algérien. La mémoire qui s’avère courte. Pour toujours tout effacer et recommencer.
Oublier, dès lors, que Bounedjah, inconsolable et qui s’en voudra longtemps, mettra de longs moments à s’en remettre, au point de sortir carrément des débats avant son remplacement par Slimani, qui avait une balle de match et de tuer tout suspense la 2e mi-temps à peine entamée.
Pour rappel, et à la 48e mn, le buteur patenté d’Al Sadd et nouveau goléador de l’E.N, prend ses responsabilités (très lourdes à cet instant précis de la rencontre) alors que toute l’Algérie retient son souffle et prie pour son équipe.
En ouvrant les yeux, on se rendra compte que le ballon est allé, plein axe, toucher du bois (sur la transversale de Gbohuo tout heureux d’apprécier le petit, l’énorme service rendu et qui maintient son équipe en vie), les «éléphants» reprenant doucement mais sûrement du terrain et de la confiance après être passé à côté de la correctionnelle avant de voir leurs efforts récompensés moins d’un quart d’heure plus tard (62eme) lorsque, sur un contre rondement mené et bien servi par le virevoltant Zaha dans l’axe (un véritable poison ce joueur) le futé Kodjia pénètre dans le périmètre de M’Bolhi avant de crocheter Belamri et placer un tir du gauche qui aura raison du portier algérien.
Tout était à refaire pour des «Fennecs» pourtant bien présents et à la lutte de toutes les balles. Rassurés au tableau d’affichage dès la 20e mn par cette réalisation de Feghouli carrément tombée du ciel, dans les mauvais moments de son équipe qui se cherchait encore.
Mettait du temps à se mettre en place après des débuts plutôt laborieux. Une action qu’on aime : Bounedjah, lancé par Guédioura d’une transversale, embarque Bagayoko et prend le meilleur sur lui.
Ce dont profite Bensebaïni qui récupère le cuir et centre en retrait d’une remise instantanée à ras de terre qui trouve sur sa trajectoire le joueur de Galatasaray qui, bien placé dans la surface de réparation, ajuste du gauche, sans contrôle, le dernier rempart adverse et ouvre le score.
Le reste de la partie, animée et équilibrée, va d’ailleurs traîner en longueur non sans nous offrir le meilleur spectacle de cette édition égyptienne de la CAN. Un match de haut niveau et digne de la qualité intrinsèque du football africain.
Des matches comme on aime. Spectacle et émotions fortes en prime. Au bout d’un suspense intenable qui nous livrera des images inoubliables (celles par exemple, du duo Belmadi-Atal en pleurs, ou d’un Bounedjah au bord de la crise de nerfs, terriblement affecté par son tir au but manqué à un moment clef de la partie et qui aurait pu éviter bien des désagréments à son équipe et dont il s’excusera auprès de son peuple en zone mixte avec la promesse de sortir le grand jeu et de mener ses camarades au succès face au Nigeria en demies, ne disparaîtront pas de sitôt des réseaux sociaux) et désignera un vainqueur qui aura bien mérité de continuer l’aventure.
Un très beau vainqueur
Un très beau vainqueur de surcroît qui pense dur comme fer, comme jamais peut-être depuis une décennie, que le précieux trophée lui tend les bras. à tout le moins que le chemin menant à la 2e étoile est largement ouvert même si l’avant-dernière étape a pour nom des «Super Eagles» qui, s’ils ne lui réussissent pas souvent, restent jouables. Sont jouables, voire prenables.
Kodjia qui répond à Feghouli après que Bounedjah, sous grosse pression, écrasé par l’envie d’en finir et jouant de malchance, ne passe à côté d’une belle opportunité de terminer tranquillement le match, son penalty, puissamment tiré, s’en ira chatouiller la transversale adverse: cela donne une suite des opérations des plus serrées, les deux formations décidant de se neutraliser à n’en pas finir. De peur, peut-être, de mauvaises surprises, la moindre erreur coûtant cher à ce niveau.
Le temps qui s’arrête alors que le physique est fortement sollicité, les nerfs à fleur de peau, les fortes chaleurs et le taux d’humidité rendant encore plus difficile l’évolution des «22» acteurs qui choisissent la prudence. De l’influx, du courage, de la solidarité, de la concentration et de la solidité. Il en fallait. Beaucoup.
Pour tenir la demie-supplémentaire alors que les corps, dans une bataille de tous les instants, sont à bout. Au bord de la rupture nerveusement. 120mn.
Fin du spectacle, parce que le public présent et les millions de téléspectateurs de par le monde, ont en eu pour leur patience. Un grand match à la hauteur de l’événement entre deux formations se respectant énormément et refusant rarement de jouer. Dans l’obligation finalement de s’en remettre au sort en jouant le reste sur la fatidique et stressante séance de tirs au but.
Et au jeu de la roulette russe (Belaïli, sous le coup apparemment de la mésaventure de son copain Bounedjah ravivera les spéculations en tirant à côté, relançant ainsi les chances ivoiriennes, réinstallera, mais heureusement pas pour longtemps, le doute chez Belmadi et ses capés, sauf que Séré Dié l’imitera juste après en mettant fin à un film digne du maître du suspense, Hitchcock), les «Fennecs» plus inspirés (4 tirs réussis contre 3) décrochant un ticket pour le carré d’as où s’invitent trois mondialistes tout aussi ambitieux. Aux dents longues.
Avec, dans l’air, un nouveau sommet, en copie conforme à la phase de poules, Algéro-Sénégalais comme l’ont prévu les pronostiqueurs.
Pas une mince affaire néanmoins quand on sait que sur leur route, se dresseront un tandem composé d’un monstre nommé Nigeria (dur, dur sera le test pour la bande à Mahrez) et de la très sérieuse, tranquille Tunisie qui, à l’italienne, sans crier gare, en se cachant presque, frappe aux portes d’une finale inespérée lorsqu’on refait les matches qu’elle a disputés avant d’arriver à ce stade avancé de la compétition.
En attendant la victoire finale et les analyses des spécialistes (on se limitera, pour notre part, à saluer ce groupe monté à la hâte par un sacré technicien qui confirme, sortie après sortie, qu’il est de la trempe des grands), et si ce quart contre une grande Côte d’Ivoire (ce qui démontre, on ne peut plus et on ne peut mieux, les mérites de cette équipe qui nous fait désormais rêver et peut rêver terminer sa course folle sur le toit du continent) a été des plus difficiles, tellement compliqué, problématique même, vient une fois pour toutes, confirmer que si «El Khadra» peut légitimement revendiquer le statut de favori, elle ne le doit qu’au talent de sa composante et l’inspiration de son mentor Belmadi.
Merci pour tout
La victoire a été belle et le public algérien, plus que jamais et quoi qu’il arrivera dimanche (l’exploit est possible et elle en a les moyens) est derrière son équipe, ne s’est pas trompé en ne se montrant pas avare en soutiens.
Aussi sûrement que Feghouli, l’auteur de la seule réalisation algérienne jeudi, n’a fait qu’exprimer toute sa reconnaissance et celle de tout le groupe, aux supporters qu’il qualifie, de «seuls héros, eux qui ont pris l’avion pour venir nous soutenir dans ce match.
C’est à eux qu’il faut aller dire merci. Ce sont eux qui ont payé de leur poche pour venir nous soutenir ici. C’est pour eux qu’on se sacrifie en espérant parvenir à leur rendre le sourire car ils méritent de voir leur pays soulever enfin cette Coupe d’Afrique.»
Tout est dit dans cette réaction à chaud d’un vrai compétiteur qui, comme ses partenaires, a montré qu’il (s) n’a (n’ont) peur de personne. Ce qu’ils n’ont eu de cesse de répéter. Et ils ont raison (on peut leur faire confiance) de croire et nous convaincre, talent et ambitions en prime, qu’il y aura de belles surprises au bout. Que l’espoir est permis. Qu’il sortira du bon de cette cuvée à la sauce «belmadienne.»
Merci, enfin, pour ces belles promesses. Merci pour tout, quoi qu’il en sortira du duel de titans contre les redoutables «Aigles» avec, pour mission, de leur couper les ailes. En les survolant tout simplement. Pour ne rien regretter par la suite.
Elle sera, n’en doutons pas, aussi belle que ce beau succès arraché de haute lutte à un client ivoirien qui aura fourni, devrions nous souligner avec insistance, leur plus beau match depuis le début de la compétition.
Avancer comme ils ont su et pu le faire. Sans se cacher et à visage découvert maintenant qu’ils sont craints et attendus, évidemment, au tournant.
Dimanche soir, en foulant la pelouse du «Cairo Stadium», théâtre d’une finale qu’ils ne voudront rater sous aucun prétexte, Delort et ses frères, en vrais frères, unis dans la souffrance et contre l’adversité, auront en tête de ne pas décevoir des attentes au niveau très élevé.
Auront à cœur de se faire plaisir et donner du plaisir à leur public qui leur donne déjà rendez-vous pour le 19 juillet, dans cette même enceinte chargée d’histoire avec pour vœu intime de les voir égayer leur fabuleux parcours par cette insaisissable couronne qui nous fuit depuis trois longues décennies faites d’errements et de déculottées en série. Le temps est venu…