On ne l’avait jamais vu comme ça. Enervé, chambreur, vindicatif, Lionel Messi est apparu à fleur de peau lors de la victoire de l’Argentine contre les Pays-Bas, signe de sa transformation en leader total mais aussi de l’immense pression qui l’accompagne lors du Mondial.
« Qué miras bobo, qué miras ? Anda para alla, bobo ». « Qu’est-ce que tu regardes, abruti ? Qu’est-ce que tu regardes ? Tire-toi, abruti ». Sur des images capturées par la chaîne argentine TyC Sports après le très tendu Argentine – Pays-Bas de samedi, et qui ont depuis circulé partout, on a découvert un Messi inattendu et colérique, s’en prenant au Néerlandais Wout Weghorst.
Le journaliste argentin qui était en train d’interviewer le N.10 a même tenté de calmer le jeu, en répétant à plusieurs reprises « tranquille, Leo, tranquille ».
L’incident a été le dernier d’une soirée où Messi, époustouflant sur le terrain avec un but, une passe décisive et une dizaine d’actions de classe, a aussi été omniprésent sur tous les points chauds, comme le chef de gang d’une Albiceleste très dure et vraiment pas effrayée par la bagarre.
Avant ce « clash » en zone d’interview avec Weghorst, Messi s’en était ainsi pris tour à tour au sélectionneur des Oranje Louis van Gaal, à son adjoint Edgar Davids, ou encore à l’arbitre espagnol Mateu Lahoz.
« Il n’a pas été à la hauteur. On ne peut pas mettre un arbitre pareil en quart de finale d’un Mondial », a-t-il tranché à propos de l’homme en noir, avec lequel il traîne un contentieux depuis des années.
Vendeur de fumée
Après la séance de tirs au but, le N.10 argentin a donc eu aussi une discussion plus qu’animée avec Edgar Davids, avant d’être écarté de la zone de conflit par Angel Di Maria.
Et pendant le match, après avoir inscrit le penalty du 2-0, il s’était signalé par une célébration de but inhabituelle, mains derrière les oreilles comme pour mieux entendre, dans un geste qui était la signature d’un autre grand N.10 argentin Juan Roman Riquelme.
Le geste s’adressait à Van Gaal, qui avait très peu fait jouer Riquelme lors de leur cohabitation à Barcelone, et à qui Messi a reproché de manquer de respect à l’Argentine.
« J’étais en colère à cause de l’avant-match. Voir un entraîneur comme Van Gaal, avec son expérience, tous les matches et les batailles qu’il a menées dans sa carrière, parler comme il a parlé, manquer de respect comme il l’a fait… Je crois qu’il ne fallait pas faire ça », a expliqué le joueur du Paris SG.
« Il vend de la fumée en racontant qu’il fait du beau jeu, mais il ne fait que mettre des grands joueurs devant et balancer de grands ballons », a encore lâché le septuple Ballon d’Or, décidément remonté.
Clash, clash, clash
Son sélectionneur Lionel Scaloni a lui aussi ironiquement salué Van Gaal, qui avait notamment jugé avant le match que Messi n’avait « pas touché un ballon » lors de la demi-finale de Coupe du monde déjà remportée par l’Argentine face aux Néerlandais en 2014.
« Ca n’est pas à moi de donner des conseils à Van Gaal, mais il ne fallait peut-être pas énerver Leo… », a souri le coach argentin.
Clash avec l’arbitre, clash avec l’entraîneur adverse et son adjoint, clash avec un joueur… N’en jetez plus, Messi le discret s’est mué en vrai dur au Qatar.
Il faut dire que le succès de 2021 en Copa America a conforté son statut de leader unique de l’Albiceleste et tout le monde s’est rangé derrière le capitaine et son génie dans l’espoir de décrocher une troisième Coupe du Monde, qui ferait de lui l’égal de Diego Maradona.
Alors que Messi et l’Argentine sont tout proches de leur rêve, l’ancien Barcelonais a d’ailleurs fait mentir le « Pibe de Oro » qui, en 2016 lors d’une conversation qu’il pensait privée avec Pelé, avait fait part de ses doutes quant au caractère de son successeur.
« Leo est un gentil garçon mais il n’a pas de personnalité. Il n’a pas assez de personnalité pour être leader », avait-il dit. Raté, Diego…